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Le fléau des espèces invasives au détriment des espèces locales

  • Photo du rédacteur: Emilien Feron
    Emilien Feron
  • 24 nov.
  • 3 min de lecture


Perche soleil

Les écosystèmes français subissent une pression croissante : celle des espèces exotiques envahissantes. Derrière ce terme se cache une réalité inquiétante : si certaines introductions sont anciennes, d'autres sont très récentes, mais toutes traduisent un même constat : la mondialisation, la curiosité humaine et parfois l'insouciance ont favorisé ces espèces capables de bouleverser profondément la biodiversité française au détriment des espèces locales.


Espèce exotique VS espèce exotique envahissante


Avant d'aller plus loin, il faut bien distinguer deux notions souvent confondues : espèce exotique et espèce exotique envahissante.

Une espèce exotique, ou allochtone, est simplement une espèce qui n'est pas originaire du territoire où elle vit actuellement. Son introduction peut être naturelle (par migration, extension d'aire ou changements climatiques) ou liée à l'activité humaine. Mais cela ne veut pas dire qu'elle cause forcément des dégâts.

Beaucoup d'espèces exotiques s'intègrent dans leur nouvel environnement sans provoquer de déséquilibre majeur. C'est le cas du black-bass et du sandre par exemple, deux poissons qui ne sont pas originaires de France mais qui y ont été introduits pour la pêche sportive et alimentaire. Ces espèces ont su trouver leur place sans menacer gravement la faune locale. Leur reproduction reste contrôlée, elles ne bouleversent pas les chaînes alimentaires, et leur impact sur la biodiversité est considéré comme limité.

À l'inverse, une espèce exotique envahissante est une espèce qui, une fois introduite, se reproduit de manière incontrôlée, colonise rapidement les milieux naturels et provoque des effets écologiques, économiques ou sanitaires négatifs. Elle concurrence directement les espèces locales, modifie les habitats ou perturbe le fonctionnement des écosystèmes.

Autrement dit, toutes les espèces exotiques ne sont pas "envahissantes" : ce qui fait la différence, c'est leur comportement dans le milieu d'accueil et l'ampleur de leurs impacts.


sandre

La perche soleil et le poisson-chat : deux prédateurs bien installés


Parmi les espèces qui symbolisent le mieux ce phénomène, la perche soleil occupe une place de choix. Originaire d'Amérique du Nord, ce petit poisson coloré a d'abord séduit les aquariophiles et les pêcheurs au XIXᵉ siècle. On l'a introduite dans les étangs et les rivières françaises pour son aspect décoratif et pour enrichir la faune piscicole. Mais cette initiative a eu des conséquences inattendues.

Très adaptable, la perche soleil s'est rapidement multipliée. Elle se nourrit de larves d'amphibiens, d'insectes aquatiques et d'œufs d'autres poissons, provoquant une chute des populations locales de vairons ou de goujons. Sa présence dans un milieu est souvent le signe d'un déséquilibre écologique déjà avancé.

Le poisson-chat, quant à lui, a suivi une trajectoire similaire. Importé au début du XXᵉ siècle depuis l'Amérique du Nord, il devait, lui aussi, diversifier les étangs piscicoles. Mais ce petit poisson brun au comportement grégaire est devenu un véritable fléau. Capable de survivre dans des eaux très pauvres en oxygène, il s'installe facilement dans les zones stagnantes et vaseuses. Il dévore œufs et larves d'autres espèces, contribuant à l'appauvrissement biologique des milieux qu'il colonise.


poisson chat

Le pseudo-rasbora : une invasion silencieuse venue d'Asie


L'histoire du pseudo-rasbora, ou Pseudorasbora parva, illustre bien la manière dont certaines introductions se produisent sans intention humaine directe. Ce petit poisson originaire d'Asie orientale a été introduit accidentellement dans les années 1980, mêlé à des lots de carpes destinées à l'aquaculture.

Sa reproduction rapide et sa tolérance à des conditions variées lui ont permis de se répandre dans de nombreux cours d'eau français. Mais au-delà de sa simple présence, c'est sa capacité à transporter un parasite dangereux, Sphaerothecum destruens, qui inquiète les scientifiques. Ce micro-organisme pathogène est capable de décimer des populations entières de poissons blancs indigènes, mettant en péril l'équilibre des écosystèmes aquatiques.


pseudorasbora

La xenope du Cap : un intrus venu des laboratoires


Certaines introductions ont des origines plus inattendues encore. La grenouille Xenope du Cap (Xenopus laevis), originaire d'Afrique australe, a d'abord été utilisée dans les laboratoires européens comme modèle biologique pour la recherche, notamment dans les tests de grossesse ou les études sur le développement embryonnaire. Malheureusement, quelques individus se sont échappés ou ont été relâchés volontairement dans la nature.

En Maine et Loire par exemple, on trouve aujourd'hui des populations établies dans des mares et des ruisseaux. Omnivore et très résistante, cette grenouille se nourrit d'insectes, d'œufs et de têtards d'autres amphibiens. Pire encore, elle peut être porteuse d'un champignon pathogène, le chytride, responsable de la disparition massive d'amphibiens à travers le monde.


xenope du cap

Gobie, tortue de Floride et crabe bleu : les nouveaux colonisateurs


Le gobie à tache noire, originaire des mers Noire et Caspienne, a profité du transport maritime pour gagner l'Europe. Il s'est d'abord installé dans les grands fleuves comme le Danube ou le Rhin avant d'apparaître dans les eaux françaises. Ce petit poisson de fond est un concurrent redoutable des espèces locales, dont il occupe les habitats et dont il consomme les ressources. Sa progre...



 
 
 

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