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CARNET DE VOYAGE - SALMOTREK 2

  • Photo du rédacteur: Emilien Feron
    Emilien Feron
  • 9 juil. 2022
  • 10 min de lecture

Pour la deuxième année consécutive, j’ai participé à la Salmotrek. Cette compétition, créée par Michel Polydor, président de la FFPS Carnassiers à pour ambition de démontrer que la pêche est bel et bien un sport. En mêlant un trek de 3 jours en totale autonomie et en altitude avec le principe d’une compétition classique de pêche (prendre le + de cm de poissons), le défi est relevé.

Je vous partage mon carnet de voyage.



VENDREDI



5h30 le réveil vient de sonner. Bien qu’arrivé depuis la veille à Saint Lary Soulan pour participer à des réunions de travail avec la marque Caperlan Predator Fishing,je sens qu’en face de mon petit déjeuner, le souffle commence à se faire un peu plus court que d’habitude, certainement dû par un peu de stress avant le départ pour cette aventure. Après un petit déjeuner costaud, et un trajet de presque 30 minutes de lacets de montagne ponctué de moutons en travers de la route, nous arrivons enfin au col du Portet où se tiendra le point de départ (2215 m d’altitude).

Sont avec moi : mon binôme Clément Tegny (qui n’en avait certainement pas assez subi avec moi à la première édition pour signer cette année), l’autre équipe de l’an passé Romain Sallier et Thibaut Salom, et de nouvelles équipes portant fièrement les couleurs de Caperlan avec Mael Dussau, Julien Mouton, Thibault Betke et Sébastien Toche. Nous sommes accompagnés pour ce départ par Swanee Ribière, Damien Bourgeais, Rémi Thomas et Flavien Dupont, tous membres de l'équipe Caperlan et présents pour distribuer des dotations aux participants de cette compétition.


9h. L'émargement fini et le certificat médical vérifié, on passe à la dotation de départ et on charrie facilement l'équipe Caperlan en leur disant qu’ils nous rajoutent du poids dans les sacs avec leurs top UV dont ils nous dotent. (Chose sur laquelle nous reviendrons au bout des 3 jours de soleil et où finalement ces top U.V auront servis à de nombreu


ses reprises.) Brief de Michel Polydor pour rappeler le règlement et les règles de sécurité puis l’enregistrement des prises avec l’application et le gabarit développé par le comptoir des pêcheurs.


10H C’est le coup d’envoi et les 65 binômes s’élancent sous l’arche gonflable FFPS. Comme l’an dernier ca commence par un tronçon du parcours en mode Chronométré, mais forts d’une première expérience l’an dernier, nous avons décidé avec Clément de ne pas griller toutes nos forces dès les premiers kilomètres et d’y aller d’un pas soutenu mais sans courir.


11H La fin de la première spéciale est terminée. Petite pause hydratation car il fait déjà grand et beau soleil. On doit désormais choisir si on fait la boucle par le Nord, ou descendre par les lacs du sud. La stratégie ayant été fortement réfléchie autour d’un gros repas l’avant veille puis confirmée autour d’une pinte d’IPA la veille,nous ne perdons pas de temps et descendons vers le lac d’Oule.

On passe plusieurs petits lacs, le grand lac d’Oule puis on entame la descente vers le lac d'Orédon. Ça a beau faire la deuxième année, on reste époustouflés par la beauté et l’immensité des paysages.


13h30. La terre s’aplatit enfin sous nos pieds et on atteint un joli plateau qui forme le joli lac d'Orédon. Petite pause. Première fois qu’on pose le sac depuis le départ , je me sens léger soudainement. On prend 20 minutes pour souffler puis on repart direction le lac de Cap de long. La marche est longue et ce barrage qu’on voit depuis Orédon n’en finit pas de grossir sans jamais y arriver. Fausse joie lorsque que nous y sommes, il faut encore le longer en passant par des escaliers ainsi qu’un petit via ferrata qui ne rassurera pas mon ami Clément.




15h30 Nous voilà arrivé au point 7, situé au Lac du Cap de long (2200 m d’altitude environ). On apprendra par le commissaire présent qu’on aurait pas dû passer par la via ferrata mais que beaucoup de binômes s’étaient aussi trompé à cause de balises mal placées. Un bar est présent sur ce barrage et j’avoue que l’envie de se désaltérer en terrasse est très tentante, mais le règlement interdit toute aide extérieure, donc on va se contenter de remplir nos réserves d’eau avec l’eau du lac et se poser 10 minutes à l'ombre en regardant les pompiers faire des exercice de plongée dans le barrage avant de repartir, par le bon chemin. On croise plusieurs binômes le long du trajet et les mettons en garde sur le parcours à éviter.


17h Nous revoici de retour du lac d’Orédon (1800m d’altitude environ), où nous décidons de tenter de pêcher. L’arrivée d’un torrent sur la berge Nord du lac nous fait de l'œil et on décide d’aller taquiner les truites dans cette zone bien oxygénée. Au bout de 2h à pêcher l’eau nous décidons de déguster notre première ration lyophilisée. Le plaisir gustatif de cet instant nous fait rappeler que finalement 3 jours peuvent paraître très long dans certaines circonstances. Nous reprenons la pêche sans succès.


21H30 La compétition à beau être jusqu'à 22h, le manqu


e d’activité des poissons nous à décidé à aller rejoindre la zone de Bivouac une demi heure plus tôt. On échange avec les autres équipes présentes et le constat est le même pour ce premier jour de c


ompétition : beaucoup de kilomètres, peu de poissons. On monte la tente sur un petit plateau surplombant une vallée et le torrent qui en dessine le lit nous apporte une mélodie vraiment très agréable pour ce premier soir. L'équipe de Romain/Thibaut et Julien/Maël nous rejoignent sur ce plateau et nous partageons le repas en admirant le coucher du soleil qui fait rougir les sommets en face de nous. Après cette première journée d’efforts, la nuit tombe aussi vite que la fatigue et nous nous endormons au son du torrent et des oiseaux nocturnes.




SAMEDI


5H30. Le réveil vient de sonner, nous préparons une petite boisson chaude le temps de replier le bivouac. Bien que la journée d’hier ait été productive en termes de kilomètres, nous nous réveillons ce matin en sachant que le programme est chargé. Objectif Port Biel où nous bivouaquerons ce soir après avoir checké le point 3. Ce point nous obligeant à passer le col de Hourquette situé à 2500m d’altitude avec son dénivelé et ses pierriers 1 fois à l’aller et 1 fois au retour. Nous nous dirigeons à 6h pour le coup du matin sur le lac d’Orédon. Décidément ce lac restera sur OFF, même ce jour-là. Vers 8H, vrai petit dej , coup de toilette et c’est reparti pour remonter au lac d’Oule. Connaissant le chemin pour l’avoir subi en tant que 1ere spéciale chrono l’an passé, nous accompagnons Julien et Maël sur le chemin.




10h. On arrive au Lac d'Oule avec l’impression d’avoir été meilleurs que l’an dernier sur ce trajet. Ragaillardis par notre efficacité, on décide de flâner un peu en essayant de pêcher le lac, sans succès avant de rattaquer la montée en direction du Lac de Port Biel. On longe alors un torrent sous les arbres mais on sent que le soleil a décidé d’être bien présent cette année. J’avoue envier mes forêts Bretonnes où les feuilles de chênes et de châtaigniers permettent une couverture plus complète et limitent d’avantages les rayons du soleil….et puis mince, c’est beaucoup plus plat aussi !



12h30. Petite halte sur un petit lac à regarder les autres équipes s'énerver sur les truites qui n'arrêtent pas de gober mais qui ne mordent pas pour autant, puis on enchaîne sur la dernière montée avant de pointer le N°4 à Port Biel. On échange avec les commissaires présents qui nous disent qu’il y a eu du poisson de fait le soir précédent sur ce lac ce qui nous conforte sur notre stratégie de revenir ici bivouaquer ce soir. Il faut avouer qu’ils nous regardent un peu bizarrement quand on leur expose notre plan de l'après-midi : aller pointer de l’autre côté du Col puis revenir pour se donner un maximum de chance de pêcher ce lac sans avoir les cols à passer le lendemain.


14h A cette altitude, la végétation nous a complètement abandonné. On marche depuis un petit moment sous le soleil de plomb en regardant nos pieds quand une Marmotte, aussi surprise que nous, se met à siffler à quelques mètres de nous en détalant comme un lièvre..Cramés autant par la dépense énergétique que par le soleil, on décide de se faire une pause repas au pied du pierret avant d’attaquer l’aller et retour.


15h30. On est en haut du point le plus haut de la compétition (2500m) et on respire un peu en admirant ce panorama. C’est dingue comme ca peut être beau et immense. Cette quantité de lacs à perte de vue entre les sommets. On essaye de prendre des photos mais on se rend vite compte que l’effet de profondeur et de gigantisme n’est pas traduit par nos chers smartphones. Seuls nos yeux et notre cœur peuvent capturer cet instant et y donner la profondeur de l'expérience qu’on y aura vécue.


16H30. Le point 3 de la hourquette est pointé. On ne perd pas trop de temps là bas et on entame directement le retour vers Port Biel après un rapide échange avec les commissaires présents sur place qui nous confortent dans notre stratégie en nous disant que le chemin que nous prendrons demain est “plat”. Une bonne nouvelle, mais bon…à un moment il va falloir qu’on pêche un peu quand même.


18h. Nous sommes de retour à Port Biel et passons à côté de notre Bivouac de l’an dernier en prenant le temps de regarder ce somptueux panorama où nous avions passé notre première nuit. Pour dresser le tableau : on a d’un côté un lac Splendide à l’eau cristalline d’un bleu intense.Ce lac est enfermé entre 2 cols géants dont la surface ne laisse apparaître que des blocs rocheux gigantesques. Sur l’autre versant, en contrebas, on aperçoit au loin dans la vallée le Lac d’Oule où nous étions passés ce matin. Le paysage est somptueux.


On se cale à un endroit qu’on se dit stratégique pour le soir. On pose les sacs au sol et on commence à pêcher. J’attrappe un omble de 22 cm qui nous permet d’être enfin “dans le Game”. Photo avec l’application, relâche du poisson puis on relance en pensant avoir trouvé la pêche. Au bout d’une demi heure à pêcher l’eau, le contre coup du trek me tombe dessus et je décide de faire une petite sieste allongé sur mon sac en attendant le coup du soir, certainement plus productif.


19h30 Julien, Mael, Romain et Thibaut arrivent sur notre spot et me réveillent avec leurs cris de bouquetins essoufflés. On met en place la stratégie du soir en fixant le fait que nous bivouaquerons sur cette berge du lac afin de pouvoir bénéficier du cou du soir et du matin sur place. Nous nous remettons à la pêche pour la soirée et enchaînons plusieurs ombles avant de monter la tente au raz de l’eau. Le soleil du soir est splendide. Contrairement à la veille où nous étions proches d’un torrent, notre bivouac de ce soir sera extrêmement silencieux aux abords du lac, tant mieux.




DIMANCHE.


6h. On prend le temps de pêcher encore quelques ombles afin d’atteindre le quota de 10 fixé dans le règlement. Romain et Thibaut l'atteindrons, mais Clément et moi échouerons à 7 tandis que Julien et Maël décapotent enfin grâce à une truite. C’est le dernier jour. On sait qu’on a pas mal de kilomètres à parcourir mais on sait aussi que cette année on a jusqu'à 16h pour arriver. C’est marrant ce dernier jour de la Salmotrek me fait comme l’an passé : hâte de rentrer et fatigué mais en même temps tellement bien ici, au milieu des montagnes,loin de la civilisation et déjà en partie nostalgique de l’aventure.


9h C’est parti pour la redescente vers le lac d’Oule où nous pourrons ensuite prendre le ticket vers la ligne d’arrivée. On est confiants pour notre itinéraire mais on déchante vite quand on doit remonter un bout du Pic de Bastan puis encore une autre jolie montée avant le lac supérieur.On retrouve un peu de végétation au fur et à mesure de la progression. Je grogne


un coup contre les 2 commissaires la veille qui nous promettait du plat. Je re-grogne une deuxième fois quand une de mes cannes fixées sur le sac à dos se prend dans une branche qui m’explose le scion.


11h30 On continue la descente vers les lacs de Bastan et on est sauvé de peu par 2 autres équipes qui remontent et nous informent que le check point 2 est caché derrière un buisson. Les gars sont énervés car ils étaient descendus jusqu’au refuge avant de s'apercevoir qu’il leur fallait remonter durant 20 minutes pour retrouver ce point à côté duquel ils étaient passés sans voir. Nous nous arrêterons pêcher les lacs de Bastan rapidement en espérant taper une truite qui serait venue compléter notre tableau et notre score, en vain. Plus bas, tandis qu’on descend vers le lac d’Oule, on aperçoit sur une ligne de crête les 2 guides qui étaient à Hourquette et qui nous avaient promis du plat pour ce matin. En les voyant courir avec leurs sacs à dos de 15kg à flanc de montagne, on compr

end davantage leurs références en termes de plat.


13h30 On arrive au Lac d’Oule où de nombreu


ses équipes sont déjà arrivées dans l’attente de repartir vers le col de Portet. On remplit les poches à eau, on se refait une santé et on reprend la route direction le point 8 qu’on nous annonce à 2h de l’arrivée. On flashe le point 8 a 14h15 en se disant qu’on va souffrir pour la dernière chronométrée jusqu'à l'arrivée. Arrivé au bout du lac d’Oule, le chemin nous fait tourner à gauche et on emprunte alors la remontée d’une jolie piste de Ski (rouge) sous le soleil. Autant j’aurais certainement adoré la descendre en ski en hiver avant de remonter au refuge me faire un vin chaud avec les copains que là je hais les pistes de ski. Le moindre arbre qui nous fait de l’ombre ou le moindre souffle de vent est salvateur. On sert les dents et on monte, sachant que c’est la dernière.


15h La piste rouge est remontée, mais il ne faut pas croire qu’on est arrivé. On continue de progresser en terrain découvert au milieu des vaches et des cadavres de télésièges. On passe à côté de relais télécabines et on continue l'ascension en ayant peur d'être obligés de monter jusqu'à une cabane qu’un aperçoit au sommet d’un pic. Les pas se font de plus en plus petit jusqu'au moment où on reconnaît le bâtiment du col du Portet au loin. Quand on dit que l’espoir donne des ailes, on en est pas loin à cet instant et on parcourt le dernier morceau jusqu'à la ligne d’arrivée. Nous attendons 15 minutes un peu avant l’arche afin de passer la ligne d’arrivée à 16h, heure fixée par le règlement.




Avec nos 7 ombles nous arrivons 28ème sur 65 équipes engagées. Loin du podium , notre victoire réside principalement dans le fait d’avoir à nouveau réussi ce challenge hors normes. Nous avons au final parcourus près de 65 kilomètres de cailloux, but 10 litres d’eau chacun, montés environ 3500m de dénivelé positif, pris des photos mentales extraordinaires et passé des moments inoubliables.




Après un repas tous ensemble puis une remise des prix, nous nous sommes à nouveau séparés puis reconnectés à nos vies ainsi qu’au rythme que nous avions mis entre parenthèses le temps d’une compétition hors norme. Sur la route du retour, quelques heures à peine venaient de passer depuis la fin de cette épreuve et nous avions déjà tous au fond de nos pensées envie de retenter l’expérience l’année prochaine.


 
 
 

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